J'ai découvert cet après-midi ce village qui n'est qu'à cinq minutes de la ville où je vis depuis quinze ans, mais que j'ai toujours négligé de visiter, parce que je n'avais, tout simplement, rien à y faire, et parce que je n'avais, pendant longtemps, jamais même croisé son nom.
Mon but était de rouler au hasard dans une direction que je n'avais jamais prise et de m'arrêter dans le premier village inconnu qui m'intriguerait.
Je me suis garé tout à l'entrée de la commune, avant même les premières maisons, sur une espèce de croisement entre un parking et une aire de jeu, dotée d'une petite structure en bois, assez neuve, qui abritait des bancs et une table ; le genre de refuge que l'on croise en pleine nature et qui sert généralement à s'abriter de la pluie ou à se restaurer, au cours d'une randonnée.
Le premier bâtiment du village, juste quelques mètres plus loin, était fascinant, j'ai eu un vrai choc en le découvrant. Un bâtiment agricole, manifestement, dont la fonction m'échappe encore, mais absolument immense. Il était délabré, sans toit, ouvert aux quatre vents. Au lieu de fenêtres, de fines et longues meurtrières. Quelque chose de menaçant – mais d'indéfinissable – s'en dégageait.
Quelques dizaines de mètres plus loin, après les premières maisons (d'anciens corps de fermes reconvertis, essentiellement) on tournait à gauche pour arriver face à l'église. Quelques belles et grandes maisons, que je devinais accueillantes, douillettes, dans leur jus. Tout cela menait, à ma grande surprise, aux rives d'un canal, que longeait un chemin de promenade ; je me suis promis de l'emprunter à l'occasion, pour voir où il menait.
Je suis arrivé ensuite aux abords d'un vieux cimetière, hors du village, ceint d'un mur en pierre. J'ai toujours aimé les vieux cimetières, les vieilles tombes. Spécialement dans les villages. Ils n'évoquent rien de macabre, rien de triste, ils ont au contraire quelque chose de presque doux, de douillet même, dans ce genre de décor les cimetières sont fidèles à leur étymologie de « dortoirs ». Ils évoquent le repos, la paix, la proximité des proches, la douceur de la terre natale. Tout l'inverse d'un colombarium.
Après il n'y avait plus que les champs, mais on voyait au loin le village voisin, à quelques centaines de mètres, dont on devinait les toits et le clocher de l'église. Je n'envisageais pas spécialement de m'y rendre à pieds mais je rêvassais quelques instants d'un monde plus simple, plus lent, plus silencieux, où les gens se rendraient d'un village à l'autre à travers champs, pour commercer, se rendre visite...
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I discovered this afternoon this village which is only five minutes away from the city where I have been living for fifteen years, but which I have always neglected to visit, because I simply had nothing to do there, and because I had, for a long time, never even crossed its name.
My goal was to drive randomly in a direction I had never taken and to stop in the first unknown village that would intrigue me.
I parked at the very entrance of the village, even before the first houses, on a kind of intersection between a parking lot and a playground, with a small wooden structure, quite new, that housed benches and a table; the kind of shelter that one comes across in the middle of nature and that is usually used to shelter from the rain or to have a meal, during a hike.
The first building of the village, just a few meters further, was fascinating, I had a real shock when I discovered it. An agricultural building, obviously, whose function still escapes me, but absolutely huge. It was dilapidated, roofless, open to the four winds. Instead of windows, thin and long loopholes. Something threatening - but indefinable - was emanating from it.
A few dozen meters further on, after the first houses (old farm buildings, mainly converted), we turned left to arrive in front of the church. Some beautiful and big houses, that I guessed were welcoming, cozy, in their juice. All this led, to my great surprise, to the banks of a canal, which was bordered by a footpath; I promised myself to take it on occasion, to see where it led.
I then arrived at the edge of an old cemetery, outside the village, surrounded by a stone wall. I have always liked old cemeteries, old graves. Especially in villages. They don't evoke anything macabre, nothing sad, on the contrary, they have something almost soft, even cozy, in this kind of setting cemeteries are true to their etymology of "dormitories". They evoke rest, peace, the proximity of loved ones, the softness of the native land. Just the opposite of a colombarium.
Afterwards, there were only the fields, but in the distance, we could see the neighboring village, a few hundred meters away, whose roofs and church steeple we could make out. I didn't plan to go there on foot, but I dreamed for a few moments of a simpler world, slower, quieter, where people would go from one village to the other through the fields, to trade, to visit each other...