Pays Fantôme vient d'une collection de souvenirs d'enfance articulés avec, à la fois, des regrets et des fantasmes d'adulte.
Parmi ces souvenirs fondateurs il y a un repas avec mes parents, quand j'étais enfant, un repas en extérieur dans un village où se tenait une fête populaire ; il m'en reste extrêmement peu d'images. On y mangeait des plats traditionnels : flamms, porc à la broche.. Peut-être y avait-il un feu, comme à la Saint Jean. Nous avions dîné à proximité d'une immense grange.
On se serait cru très loin, en tous cas, de la vie quotidienne dans les années 1980. Très loin dans l'espace et dans le temps, comme si le trajet en voiture que nous avions fait nous avait mené non pas dans un village de la région, pour une fête locale et touristique, mais dans une tout autre époque et un tout autre pays ; un pays magique, préservé, un pays de Cocagne vivant dans un passé idyllique et prospère, dans une primitivité heureuse ; on marche dans l'herbe, tout est en bois, tout le monde sourit et vit ensemble, on mange de bonnes choses, l'odeur de l'herbe coupée et du feu de bois parfume l'air et la vie elle-même.
Il y a dans Pays Fantôme la trace, la revendication et le deuil d'un tel fantasme, d'un tel rêve, d'autant plus puissant que c'est un rêve d'enfance.
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Pays Fantôme comes from a collection of childhood memories articulated with both adult regrets and fantasies.
One of these founding memories is a meal with my parents when I was a child, an outdoor meal in a village where a popular festival was being held; I have very few images of it left. We ate traditional dishes: flamms, pork on the spit... Maybe there was a fire, like on Saint John's Day. We dined near a huge barn.
It was a far cry from everyday life in the 1980s. Far away in space and time, as if the car journey we'd taken had taken us not to a village in the region, for a local tourist festival, but to a completely different time and a completely different country; a magical, unspoilt country, a land of Cockayne living in an idyllic, prosperous past, in a happy primitivity; we walk on grass, everything is made of wood, everyone smiles and lives together, we eat good food, the smell of cut grass and wood fires perfumes the air and life itself.
In Pays Fantôme, there is the trace, the claim and the mourning of such a fantasy, such a dream, all the more powerful for being a childhood dream.